27.11.12

Verviers Upgraded: lutte des classes 2.0


Une récente enquête de BEL RTL révèle que la politique locale visant à réduire le nombre de petits logements de +/- 30 m² menée par l’échevin MR Freddy Breuwer est en fait une véritable politique d’épuration des pauvres hors de Verviers. Rien de moins – et de manière décomplexée.

Avant de venir au fond de l’affaire, rappelons tout de même que si cette politique fut mise ne place par l’échevin Breuwer dans le cadre d’une coalition où le PS était majoritaire ! Bien sûr, on peut craindre qu’elle va probablement être intensifiée maintenant qu’il a reçu son score personnel de 2700 voix aux élections communales comme un plébiscite.

Détrompez-moi, mais je n’ai pas entendu de cris d’orfraie à propos de cette politique au cours des 6 dernières années. Maintenant que la nouvelle majorité Cdh-MR va prendre les rennes de la gestion de la cité, l’affaire fait subitement surface. Il ne faut y voir aucun calcul politicien, évidemment. C’est aussi crédible que les propos du marchand de sommeil dans l’article précité qui se repeint en entrepreneur social luttant contre la grande précarité. On croit rêver.

Ayant dit que nous ne sommes pas dupes de l’effet d’annonce, il me paraît cependant indispensable de démontrer l’ineptie d’une telle politique qui ne peut naître que d’un esprit profondément déformé par le néo-libéralisme et la poursuite abjecte d’un darwinisme social exacerbé.

Virer les pauvres ? Les repousser vers la périphérie et les petites communes avoisinantes en supprimant les petits logements pas chers ? Ce que beaucoup ont rêvé, Freddy Breuwer l’a fait.

Sans vouloir m’attarder sur le fait que M. Breuwer fait systématiquement un amalgame odieux entre pauvreté et délinquance, force est de reconnaître que, comme le veut l’adage, le Diable aime se parer des attributs de la vertu pour mieux arriver à ses fins.

Tout le monde acquiescera au fait qu’il est indigne de louer des logements trop petits et/ou insalubres à des êtres humains, profitant qui plus est de leur situation précaire et de l’inaccessibilité croissante du marché locatif privé de qualité raisonnable aux personnes à faibles revenus. Ainsi que de l’inaccessibilité du marché locatif social d’ailleurs, des logements manquant par centaines rien que sur la commune verviétoise et ses environs.

Mais bien sûr, la préoccupation du MR n’est nullement philanthropique ou charitable : il s’agit seulement de repousser les pauvres en dehors du territoire de la commune en engrangeant des bénéfices sur trois plans :
1)   Personnel : M. Breuwer passe pour un « dur » sachant prendre les décisions qui s’imposent auprès de son électorat. Ceux qu’ils virent ne votent pas pour lui : que du bénef et pas de perte ! Le parfait pari politique. Et cela lui assure bien entendu moult strapontins rémunérés : échevin, futur président du CPAS, etc., etc. Le malheur des uns fait toujours le bonheur des autres.

2)   Local : moins de pauvres sur le territoire de la ville, cela fait moins de dépenses pour le CPAS. Avec la crise qui arrive, c’est toujours ça de gagné, mais à court terme.

3)   Local encore : les bourgeois blancs qui forment le gros de son électorat pourront ENFIN retourner au centre-ville sans être confronté à la vue de la misère grandissante causée par leur business quotidien ou la rentabilité de leurs pensions par capitalisation. Je caricature à peine.

Et c’est là que se révèle l’indigence de M. Breuwer et de ses semblables quant à leurs capacités à penser une politique cohérente de la ville et des multiples interactions/interdépendances entre ses différentes composantes. Une ville est un collectif, un microcosme dont le point d’équilibre ne peut se trouver qu’en tirant tout le monde vers le haut (économiquement, culturellement, socialement – et spirituellement pour ceux que cela intéresserait) et non vers le bas. Car le déclin arrive alors à (très) brève échéance.

En effet, commençons par rappeler – une évidence – que ce ne sont pas les pauvres le problème principal, mais le système économique qui les génère de par l’injustice constitutive de son modèle de (non)répartition des richesses. Tant que cela n’est pas réglé, le reste ne restera que vaste rigolade et foire d’empoigne pour amuser la galerie.

Comme une ville a peu de prise sur ces macro-problématiques, cela ne coûte rien de faire des effets d’annonce sur la lutte contre les pauvres, pour cacher l’incapacité à apporter une véritable solution de sortie de la crise.

Mais quand même ! Une ville a cependant des moyens d’action à sa disposition pour au moins mitiger l’impact de la crise et mieux répartir l’effort sur l’ensemble de la population.

Dès lors que l’on se dit progressiste – de droite comme de gauche – on admettra que le problème n’est pas le nombre de petits logements accessibles aux pauvres, mais la pénurie de logement (social) (de qualité).

La ville pourrait, comme exemple de politique plus intégrée et cohérente, faire du logement de qualité une de ses priorités. Bien sûr, c’est un investissement. Il pourrait prendre la forme de construction de nouveaux logements sociaux (par exemple à Heusy, où il n’y a pas UN seul logement social, si ce n’est en périphérie à Ensival et à Mangombroux. On appréciera donc à leur juste valeur les déclarations de M. Breuwer qui proposent de ventiler les pauvres sur les communes alentours, mais surtout pas sur l’ancienne commune de Heusy où se situe une bonne partie de son électorat petit/grand bourgeois).

Cet investissement pourrait également prendre la forme de réhabilitation du bâti existant sur le marché du logement privé, passation de contrats avec l’Agence Immobilière Sociale… Bien sûr, tout devra se faire en fonction des normes de protection environnementales actuelles.

Pourquoi pas des maisons basse énergie d’ailleurs ? Il n’y a pas de raison que les bénéficiaires d’un logement social soient condamnés à vivre dans des logements mal isolés et de piètre qualité (ce qui est d’ailleurs anti-social et anti-écologique vu la surconsommation d’énergie que cela implique ainsi que ses coût pour des budgets familiaux serrés). Encore une rupture à consommer avec le darwinisme social !

Etant donné qu’un tel projet nécessitera de la main d’œuvre, la ville pourra ajouter des clauses dans ses marchés publics sur l’obligation, pour les prestataires, d’employer des gens dépendant du CPAS ou chômeurs domiciliés sur la commune. Dès lors, une partie considérable de l’investissement public retournera directement dans les caisses publiques, au travers du versement de salaires, dans la consommation, dans les impôts et cotisations sociales, centimes additionnels… tout en allégeant les lignes budgétaires relatives aux allocataires sociaux.

Comme un tel projet de logement de qualité devra s’étaler sur plusieurs années, on peut concevoir aisément que cela nécessitera le développement de certaines filières de formation spécifiques. Développement supplémentaire d’emplois d’avenir.

Allons plus loin : que penser d’une approche politique qui ne voit la présence de pauvres sur un territoire urbain que comme un coût ? Même selon une approche d’une rationalité purement économique, les allocataires sociaux à qui la bonne société condescend à octroyer à peine de quoi garder la tête, que dis-je, la pointe du nez hors de l’eau en flirtant avec le seuil de pauvreté (rappelons 973€ en Belgique quand le revenu d’intégration pour un isolé n’atteint pas les 800€), dépensent TOUT leur argent sur le territoire de la commune.

Ils n’investissent pas leurs revenus dans des produits spéculatifs non productifs ! 1000€ octroyés à un allocataire social, ce sont 1000€ dans l’économie réelle en bout de course. Sur laquelle la ville elle-même perçoit ses propres taxes. En d’autres mots, les allocataires sociaux ne sont pas qu’un coût pour la société, ils participent activement à l’économie locale.

Bien sûr, ils ne font pas que consommer ! Mais pour la concision de l’article, je ne ferai qu’une allusion rapide à la valeur immatérielle qu’ils créent en matière de lien social, d’investissement associatif… qui contribuent d’une façon discrète mais efficace à maintenir une certaine élasticité du corps social pour encaisser la crise. Je vous renvoie à l’excellent projet http://www.benevoles.tv/ pour des idées à ce propos.

Poussons encore le raisonnement plus loin : admettons même que le MR et consorts parviennent à se décharger des allocataires sociaux et autres pauvres sur les communes avoisinantes (Polleur, Theux, Jalhay, Olne ? on voit ça d’ici !). Tout d’abord, elles seraient elles-mêmes confrontées à une pénurie de logements  puisqu’elles n’ont jamais fait aucun effort pour en construire, et ce pour être sûres de ne jamais attirer ce genre de public.

Or, le MR n’a eu de cesse de répéter ad nauseam son insistance sur la mise à l’emploi de tous ces allocataires (lire parasites sur leurs lèvres). Comme cela ne repose sur aucune vision stratégique, il leur échappe que les allocataires sociaux ont rarement des véhicules personnels dignes de ce nom et qu’ils sont donc condamnés à dépendre des transports publics (c’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont d’ailleurs tendance à se rassembler dans les centres urbains bénéficiant de tous les services de manière plus intégrée – les allocataires sociaux aimant pourtant AUTANT la campagne que les autres segments de la population).

Or, justement, les transports publics sont catastrophiques de et vers ces communes alentours. Les connections sont rarement optimales de telle sorte que aller de Jalhay pour un rendez-vous à l’hôpital devient une odyssée. J’exagère à peine. Imaginons un demandeur d’emploi résidant à Jalhay devant se rendre à une simple consultation médicale, il en a pour sa journée s’il doit se contenter des transports en commun. Idem s’il doit se rendre à l’ONEM, au FOREM, au CPAS ou à son syndicat. 

On comprend tout de suite par de tels exemples que, pour le MR, l’employabilité des allocataires sociaux n’est qu’une vaste blague et que leur prétendue activation ne vise pas à faire en sorte qu’ils trouvent véritablement un job. Il s’agit au contraire d’une technique de harcèlement et de pression pure et simple pour leur faire sentir à chaque instant qu'ils seraient un poids pour la collectivité, car s’ils raisonnaient véritablement en termes d’emploi, ils ne proposeraient pas des solutions aussi stupides que l’éloignement d’une partie des allocataires sociaux du territoire de la commune où ils ont le plus de chance de trouver un emploi ou les moyens d’y parvenir.

Et je ne mentionne même pas ici l’impact disproportionné de telles mesures sur les mères célibataires, les problèmes de garde des enfants en cas de formation ou de travail, les crèches étant quasi inexistantes ou offrant des plages horaires incompatibles avec les horaires de parents eux-mêmes sans réseau familial ou de solidarité. Je ne m’attarde pas non plus sur le fait que les bus de ces lignes ne soient pas prévus pour les personnes avec un handicap moteur et autres multiples désagréments d’une telle politique sans réflexion aucune.

En voulant s’attaquer à une problématique réelle (les logements de mauvaise qualité accessibles aux allocataires sociaux, le plus souvent bénéficiant du revenu d’intégration), le MR démontre qu’il n’a aucune politique de la ville, aucune compréhension du rôle même d’une ville, aucune politique de l’emploi au-delà du harcèlement des allocataires sociaux, ni aucune politique du logement cohérente.

Du vent, du vent, du vent ! Mais du vent mauvais, nauséeux, chargé du ressentiment de ces nantis envers celles et ceux à qui le destin a offert moins d’opportunités, de ces nantis crispés sur leurs petits privilèges à qui l’idée même de partage est insupportable.

Je le dis clairement : moi, je suis prêt à payer plus d’impôts locaux pour autant qu’ils soient investis dans des politiques inclusives visant à bâtir une cité plus juste, plus égale, où l’écart entre riches et pauvres diminue. Pas le contraire. Le problème n’est pas le taux d’imposition, mais ce que la société, dans son ensemble, redistribue en termes de bien-être pour tous. Et ce n’est manifestement pas le choix du MR et du Cdh pour les 6 prochaines années. 

Vous verrez, au bout du compte, avec une telle politique, dans 6 ans, Verviers sera encore plus pauvre !

9.11.12

Alexander De Croo, incarnation de la vulgarité économique


L’Open VLD nous avait habitué depuis plusieurs années à des dérapages de plus en plus incontrôlés en matière de néo-libéralisme, déviant de plus en plus sensiblement de la ligne d’un libéralisme plus humaniste tel qu’incarné par Guy Verhofstadt.

Dès lors, les récentes propositions de l’Open VLD, dans la bouche d’Alexander De Croo, ont fait tomber les dernières écailles du verni de respectabilité que l’on aurait encore voulu accorder à ce parti : augmenter la taxation des revenus des chômeurs, des prépensionnés ainsi que des primes syndicales…

La stupidité de la proposition se dispute avec sa vulgarité crasse et l’arrogance du parvenu envers les plus fragiles d’entre nous à l’heure où l’ensemble des allocataires sont soumis à la taille et la gabelle de la manière la plus rétrograde qui soit.

L’Open VLD et son ex-président sans légitimité autre que celle d’être un fils à papa (homme d’Etat d’envergure, lui au moins), qui refusent mordicus depuis la formation de ce nouveau gouvernement la moindre augmentation d’impôt envers les revenus des plus aisés, n’hésitent pas une seule seconde à afficher la morgue de leur mépris de classe avec cette proposition déshonorante !

Petit rappel des « onbespreekbaar » de l’Open VLD ainsi que de la droite flamande et francophone en Belgique:


Cumulées et ajustées de manière adéquate, ces mesures rapporteraient des milliards d’Euros à l’Etat belge sans pénaliser l’immense majorité de la population qui voit l’accès gratuit à l’éducation de base s’étioler de plus en plus, le coût des soins de santé augmenter, le prix des denrées alimentaires s’envoler, les loyers décoller, les dépenses énergétiques exploser… et surtout tous les revenus du travail diminuer de manière drastique. Au risque de mettre en danger l’accès à des droits humains fondamentaux tels que l’éducation et la santé.

En effet, s’il est vrai que les salaires n’ont plus été augmentés en valeur absolue depuis la fin des années 1970 (ce qui fut compensé par la facilité d’accès au crédit à la consommation dont nous payons maintenant la facture), aujourd'hui salariés et allocataires sociaux voient leurs revenus concrètement réduits au travers de mesures variées mais toujours vexatoires et indignes d’un pays dont le PIB ne cesse de croître année après année, crise ou pas crise ! Près de 530 milliards de dollars pour 2011, en progrès par rapport à 2010 – tassement prévu en 2012, mais pas de recul.

La véritable question n’est donc pas le manque de ressources financières en Belgique pour répondre adéquatement aux besoins de tous et offrir une éducation gratuite, des soins de santé gratuits, ainsi que des logements de qualité pour tous, mais pourquoi se fait-il que la richesse se concentre à un minuscule pôle de la société (outrageusement défendu par Alexander De Croo et ses sbires de l’Open VLD) tandis que les 99% de la population s’appauvrissent plus ou moins rapidement par voie de conséquence ? Quelle société voulons-nous ? L’anarchie néo-libérale mode De Croo ou une société partageuse et redistributrice, promouvant le progrès social pour tous comme condition du progrès économique ?

Oui, c’est un choix profondément idéologique et donc politique. Pas de fatalité là-derrière!

L’espérance de vie en bonne santé a diminué dans 8 pays européens dont l’Allemagne pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la santé mentale et physique d’une partie croissante de la population européenne est en train de se détériorer à toute vitesse à mesure que l’onde d’impact de la crise se propage dans tous les secteurs de la société.

Pensez-vous que M. De Croo fasse le lien entre ces éléments objectifs et ses propositions de taxation des plus pauvres et de coupes sombres dans les dépenses publiques ?

Seule réponse de l’Open VLD : couper et couper encore plus dans les dépenses publiques et augmenter la pression fiscale sur les plus démunis… Faisant semblant de ne pas voir que l’Etat (à tous les niveaux de pouvoir) est le premier investisseur en Belgique !

En effet, rien ne reste dans les caisses de l’Etat : tout part dans l’économie réelle. Des dépenses d’investissement en travaux publics en passant par les salaires des fonctionnaires, les dépenses en soins de santé (en vérité un investissement sur la bonne santé de la population favorisant sa résilience et sa productivité) jusqu’aux revenus des allocataires sociaux de toutes sortes : tout repart dans la consommation, les frais de fonctionnement et donc la production.

Réduire les dépenses de l’Etat, c’est contracter la demande, donc les revenus des entreprises (en particulier des PME créatrices de richesse et d’emploi soi-disant au cœur des préoccupations de l’Open VLD et du MR) et donc les recettes de l’Etat. Avec pour conséquence que l’endettement de celui-ci s’envole de plus belle…

Tout le contraire de ce qu’il faut faire pour sortir de la crise selon un nombre croissant d’économistes : augmenter le salaire minimum, relever progressivement les allocations sociales de toutes sortes, taxer les revenus du capital (mobiliers et immobiliers) à hauteur des revenus du travail, développer un programme massif d’investissement pour un futur vert et la formation aux nouveaux métiers que cela implique… Entre autres solutions possibles qui ne demandent pour exister que de passer la muraille idéologique néo-libérale et l’impuissance politique (construite !) qui ont saisi tant la droite de gouvernement que les sociaux-démocrates depuis deux décennies au moins.

Stupidité, vulgarité, aveuglement, mépris : Alexander Croo et l’Open VLD sont devenus les archétypes des politiciens valets de l’oligarchie néo-libérale.

Concédons-leur l’unique mérite de révéler l’obscénité du système actuel.

A quand un réveil d’une vraie gauche en Flandre et en Wallonie pour leur remettre les idées en place – car le MR, en effet, ne courre pas loin derrière. 

#2 : Claquer la bise, serrer la main - quand mon paradis dépend de la façon dont je te dis bonjour

Cette pratique, peu connue il y a encore une trentaine d’années au sein des communautés musulmanes, s’est répandue dans les milieux conserva...