A) Court terme :
1. Mettre sur pied une véritable politique de partenariat entre les forces de l’ordre et les institutions communautaires musulmanes (mosquées, associations cultuelles et culturelles diverses…) pour établir des systèmes locaux/fédéraux de pré-alerte en matière de radicalisation, sur le modèle du community policing développé aux USA et au RU.
Un partenariat implique des discussions équilibrées, de prendre en compte les recommandations et les conseils des responsables musulmans sur le terrain ; une radicalisation ne pourra leur échapper longtemps, mais il faut impérativement recréer de la confiance réciproque pour se donner des chances de succès. La cote de confiance envers les forces de l'ordre étant au plus bas au sein des communautés musulmanes, toute tentative de coopération fructueuse pour la protection de tous est rendue particulièrement difficile (voir recommandation suivante).
2. Mettre de l’ordre dans les forces de police ; les rendre responsables de leurs actes/actions sur le terrain.
Les communautés musulmanes en particulier, mais les autres minorités également, n’ont plus confiance dans les forces de l’ordre (abus de pouvoir, discrimination dans les interpellations, profilage ethnique). Cela passera par des mesures radicales : caméras sur les agents, dans les commissariats ; développement de récépissés d’interpellation et surtout : facilitation des processus de plainte contre les forces de l’ordre et condamnation sans appel des abus éventuels par les instances responsables. Une police en qui les citoyens en confiance est une police disciplinée (dans tous les sens du terme). Réciproquement, en cas d’abus de la part de citoyens, ceux-ci ne pourront plus jouer de l’ambiguïté actuelle et de l’absence de preuves.
3. Donner accès aux ressources financières publiques à toutes les associations, en particulier musulmanes, qui font de la première ligne (soutien psycho-social, soutien scolaire, lutte contre la violence intrafamiliale, contre les femmes) – sur base de dossiers, comme tout le monde.
La plupart des associations musulmanes (ou identifiées comme telles) font un travail formidable sur le terrain, quasi sans moyens, car ils leur sont systématiquement refusés par toutes les instances qui décident de l’allocation de subsides. Par crainte du prosélytisme soi-disant. Cela va des refus d’accorder des travailleurs sous article 60, à des refus de subventions… Toute mise en place de détection et de traitement précoces des problèmes est dès lors empêchée.
4. Engager une lutte sans merci contre les discriminations ethniques et religieuses dans l’emploi, dans l’éducation, en matière d'accès au logement, aux biens et aux services, en particulier contre l’islamophobie, et plus spécifiquement à l’encontre des femmes musulmanes, particulièrement visibles et identifiables quand elles portent des signes extérieurs d’appartenance religieuse.
La discrimination sur base de l’appartenance philosophique, réelle ou supposée, visible ou pas, est strictement interdite en Belgique.
Il est indispensable de mettre en place aujourd’hui des services efficaces de soutiens aux victimes, en vue de les aider à aller en justice ; de prendre des mesures dissuasives à l’encontre des employeurs voyous…
Cela implique un renforcement législatif des peines, le suivi de leur application ; un renforcement du centre pour l’égalité des chances, des associations antiracistes et communautaires ; soutien et aide aux victimes ; accès gratuit aux avocats pro deo, etc.
B) Moyen terme :
5. Réformer en profondeur le système judiciaire.
On constate trop de jugements et de peines discriminatoires à l’encontre de certains segments de notre population. Un Blanc, un Arabe, un Noir ne reçoivent pas toujours les mêmes peines pour les mêmes faits.
Il faut impérativement former tous les juges, les greffes, les avocats… à l’anti-discrimination, ainsi qu’à la gestion de ses préjugés et de ses biais inconscients.
La radicalisation laïciste d’un nombre grandissant de juges devrait également être adressée par les plus hautes instances judiciaires, car il s’installe un biais évident à l’encontre d’une partie de notre population, entraînant un déni de justice évident.
6. Réformer en profondeur le système carcéral.
La philosophie initiale de nos prisons est de reconstruire des êtres humains : une fonction réparatrice. Aujourd’hui, on ne pratique plus qu’un enfermement sans vision, destructeur, ne créant aucune perspective de réinsertion par la suite.
En outre, le traitement de certains détenus musulmans est affligeant – le cas de Nizar Trabelsi extradé récemment vers les USA, dans un déni total de l’Etat de droit, est hallucinant. La Belgique vient d’être condamnée par la CEDH – sans aucun impact.
7. Mettre sur pied de véritables formations universitaires d’imâms et de cadres religieux en Belgique pour développer une pastorale répondant aux besoins religieux et spirituels de nos populations musulmanes.
C) Long terme :
8. Mette en œuvre une véritable formation obligatoire à l’interculturalité pour tous les enfants dès le plus jeune âge.
Il faut former à la diversité tout le corps enseignant, revoir entre autres les cours d’éducation à la Shoah pour les rendre vraiment pertinents pour toute la population d’aujourd’hui (le Musée de l'Holocauste à Los Angeles fait un travail brillant à ce propos).
9. Financer des programmes d’actions intercommunautaires concrètes.
La connaissance de l’autre se forge dans le travail commun, non pas dans les discussions académiques. Tout projet financé sur des fonds publics devrait avoir une dimension anti-discrimination, interculturelle, promotion de la diversité, avec des indicateurs précis d’impact.
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